jeudi 27 août 2015

Les nuits de laitue, Vanessa Barbara

[Rentrée Littéraire 2015]
Otto et Ada coulait une vie paisible dans leur jolie maison jaune perchée sur la colline d'un petit village pittoresque depuis plus de 50 ans. Lorsque d'Ada mourut, Otto n'eut plus personne avec qui partager sa passion pour les documentaires animaliers, le ping pong ou encore le chou fleur à la milanaise...
Sa défunte femme avait su être très proche de son voisinage pour le moins farfelu. Contrairement à lui, un brin acariâtre. Mais la mort d'Ada avait plongé dans le silence les couloirs de la maison jaune, ainsi, pour reprendre sa vie en main, Otto commencera à s'intéresser de plus près à la "faune" qui peuple son quartier. Entre Anibal le facteur dissipé et jovial, Nico le pharmacien obsédé par les effets secondaires, Iolanda et ses chiens névrotiques ou bien M. Taniguchi, persuadé de servir encore les forces de l'Axe, Otto constatera que l'on ne s'ennuie pas au village !
Cependant un drôle d'atmosphère y plane, notre nouveau veuf est persuadé qu'on lui cache quelque chose...
Ce roman est une véritable galerie de portraits, tous plus originaux et délirants les uns que les autres, il nous communique une bonne humeur instantanément grâce à la plume chaleureuse et irrésistible de Vanessa Barbara. Exactement ce dont la rentrée littéraire avait besoin ! Une petite pépite à mettre entre toutes les mains.
Céline


lundi 24 août 2015

Illska, le mal, Eirikur Orn Norddahl

[Rentrée Littéraire 2015]

Voici surement un des romans les plus ambitieux et inhabituel de la rentrée littéraire 2015.
Eirikur Orn Norddahl nous raconte la Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste à travers le personnage de Agnes, une étudiante islandaise travaillant sur son mémoire de licence traitant de la collaboration des habitants de Jubarkas en Lituanie avec les nazis pour l'assassinat de masse des Juifs qu'abritait la bourgade. Ainsi que de la montée du populisme dans les pays d'Europe du Nord et, plus particulièrement en Islande.
Agnes Lukauskaite est d'origine lituanienne, d'où son sujet de mémoire, ses grands parents paternels servaient l'Einsatzkommando Tilsit aux cotés des SS tandis que ses grands parents maternels étaient juifs et subissaient l'Holocauste. Parallèlement à l'histoire de sa famille et à la rédaction de son étude Agnes est dans une situation délicate qui n'est pas sans lui rappeler le paradoxe de ses origines: elle est à la fois amoureuse de son petit ami, Omar, et d'un néonazi islandais nommé Arnor. 
Nous, lecteurs, traverserons une partie sombre de l'histoire sur fond d'un triangle amoureux plus que tortueux. de quoi donner une dimension différente, dérangeante mais surtout très originale à ce passé commun.
C'est un texte profondément riche qui aborde nombre de sujets liés à l'ascension de l'extrême droite dans nos pays occidentaux, tels que la crise économique actuelle, l'identité nationale et le devoir de mémoire. C'est aussi un roman passionnant et maîtrisé, rythmé par des discours qui s'alternent parfaitement, un véritable coup de cœur !

Editions Métailié, 24 euros.

Céline